Préface par Claude B. Levenson :
"Un regard neuf - de découverte, de rencontre et de partage, mais aussi d'étonnement sur un monde d'injustice qui broie les hommes et leur destin. David Bross est parti voir sur place ce qui se passe dans ces pays dont la presse parle peu - sous prétexte que c'est loin et que ça n'intéresse pas 'l'opinion', ce qui revient à méconnaître cette dernière et la prendre pour ce qu'elle n'est pas: indifférente au malheur d'autrui, ou trop repliée sur elle-même pour regarder ailleurs et tendre la main à autrui. Ce regard si jeune, il voit ce que l'on a tendance à négliger, voire à ne plus voir dans les institutions et parmi les autorités qui prétendent savoir ce qui est bon pour les autres: la simple détresse humaine, celle de tous les jours des déracinés dépouillés d'eux-mêmes, de leur terre et éloignés de leurs proches; ballotés d'une frontière à l'autre, alors que les frontières, elles ne sont que des barrières artificielles que d'aucuns érigent pour leur confort. Ce regard pourtant ne verse pas dans le misérabilisme, ni ne s'abîme dans l'impuissance. Tant qu'il y a partage, il y a écho, il y a réponse à l'espoir même informulé. Témoigner, c'est déjà avoir conscience qu'il y a quelque chose à faire, c'est transmettre l'urgence pour empêcher l'oubli de s'installer. Avec une remarquable économie de moyens et le choix autant raisonné qu'assuré d'un noir et blanc qui réfléchit toutes les couleurs de la vie, sous le soleil ou la pluie, David Bross rappelle combien la liberté d'autrui, celle du Tibet et de ses enfants qui le quittent, est essentielle à notre propre survie. Il y a dans ses photos un appel certes muet, mais combien poignant, qui prend parfois des allures de SOS. Il est encore temps de ne pas laisser le glas sonner pour le Tibet, de ne pas baisser la garde et de résister, de refuser d'être complice. "Je ne savais pas" n'est plus de mise, et en ce siècle encore bien jeune, ce témoignage est un signe qui ne trompe pas: comme le notait naguère un poète, quand une cause est immortelle, il faut bien que nous le soyons."